Il y a ceux qui ne peuvent pas partir en vacances. Et ceux qui ne partent qu’à moitié.
Un nouveau concept, venu du Canada, vient mélanger les genres entre travail et vacances: les “tracances”. Sur le papier, il s’agit d’utiliser les nouveaux moyens techniques et les nouvelles procédures mises en place par les entreprises pour travailler à distance… sur son lieu de vacances.
En clair, le salarié est en télétravail durant la journée, selon ses horaires habituels, et utilise son temps libre pour profiter de son lieu de villégiature, par exemple en suivant son ou sa partenaire. Selon le cabinet Génie des lieux, 35% des personnes interrogées comptaient passer en mode “tracances” cet été.
Sur le papier, l’idée semble séduisante. En pratique, elle fait émerger de sérieux risques. Forcément, pour l’employeur, la crainte est de voir la productivité des salariés baisser. Et, de son côté, le salarié en tracances peut redouter une multiplication des sollicitations des managers, y compris en dehors de ses horaires habituels de travail.
Car avec l’avènement du télétravail, la déconnexion devient de plus en plus difficile pour de nombreux salariés. Selon une étude Glassdoor (enquête menée le 14 juillet 2022 auprès de 1000 adultes), 36% des employés français se connectent à distance pour travailler en vacances, même sans être en congés.
Parmi eux, 20% disent se connecter “parce que leur employeur leur adresse des demandes pendant qu’ils sont en vacances” tandis que 35% déclarent se connecter “par peur de manquer des informations”.
En plein été, cette étude inquiète sur les nouvelles méthodes de travail qui peuvent émerger de la pandémie. Comment s’assurer que la mode des “tracances” ne devienne pas une façon d’être disponible, partout, tout le temps?
La France a pourtant été un des premiers pays à voter le “droit à la déconnexion” même si dans les faits, les sanctions n’existent pas. Et cet effacement de la frontière travail/vacances pèse déjà sur la santé mentale des salariés. Selon une autre étude Glassdoor, au cours des 12 derniers mois, l’usage du terme ‘burn out’ pour décrire leur mauvaise expérience d’une entreprise a augmenté de 159%.
“S’il est difficile de déterminer si les pratiques autour du télétravail sont entièrement à blâmer, on peut toutefois imaginer une corrélation entre l’adoption rapide et ‘sans manuel’ de ces nouveaux modes de travail, et l’impossibilité de réellement se déconnecter lors des temps de repos”, souligne l’étude.