Mode de travail privilégié au cœur de la crise du Covid-19, le télétravail s’est largement imposé dans de nombreuses entreprises depuis 2020. Dans une nouvelle étude, Bpifrance relève notamment que près d’une TPE-PME sur deux autoriserait désormais la pratique, à des degrés divers selon le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise.
Le télétravail sort renforcé de la crise sanitaire liée au Covid-19. C’est ce que pointe une étude réalisée par Bpifrance* et dont Maddyness publie les résultats en exclusivité ce jeudi 1er septembre 2022. La banque publique d’investissement, qui a sondé 2 913 dirigeants de très petites entreprises (TPE) et de petites et moyennes entreprises (PME), relève qu’à la « fin 2021, 46 % déclaraient autoriser le télétravail, contre 27 % seulement avant le début de la crise ». Sabrina El Kasmi, qui a co-rédigé ce rapport avec Baptiste Thornary – tous deux travaillent au sein de la direction des études de Bpifrance –, pointe une « explosion du recours à la pratique » , avec une hausse de 19 points en deux ans. Plus intéressant : non seulement le télétravail s’est diffusé dans ces entreprises, mais il s’est aussi consolidé. 38 % des dirigeants sondés ont augmenté le nombre de jours accordés par rapport à la situation avant crise, la moyenne étant passée de 0,75 à 1,3 jour par semaine.
Avant la crise, l’Île-de-France était de loin la région la plus concernée par le télétravail. Ce qui est, d’après Sabrina El Kasmi, probablement imputable au fait qu’elle « concentre une part plus élevée de travailleurs qualifiés, dont les postes sont davantage compatibles avec la pratique, et que les temps de trajets domicile-travail y sont plus importants ». Début 2020, les sociétés franciliennes étaient 1,4 fois plus susceptibles de proposer le télétravail que les autres. Ce qui explique qu’elles aient mieux réagi dans l’urgence lorsque c’était nécessaire… et qu’elles sont, pour la plupart, prêtes à accroître le recours au télétravail à long terme. « Elles ont 2,3 fois plus de chances de pérenniser les acquis de la crise en la matière que les entreprises d’autres régions » , indique Sabrina El Kasmi, qui met en exergue le fait que près des trois quarts (74 %) des dirigeants sondés entendent maintenir « au moins partiellement le surplus de jours de télétravail autorisé depuis la crise sanitaire ».
À noter qu’au sein de la population sondée, le télétravail s’est davantage développé dans les entreprises de taille conséquente. « Plus elle est grande, plus il est probable qu’elle le propose à ses salariés. Ce n’était pas aussi marqué avant la crise, relève ainsi Sabrina El Kasmi, qui note aussi que certains secteurs sont, en toute logique, plus susceptibles d’y avoir recours. Les services ont, aujourd’hui, cinq fois plus de chances d’en accorder. A contrario, des tâches propres à l’industrie rendent la pratique incompatible avec certains postes. » Une probabilité bien supérieure à ce qui était observé avant la crise sanitaire, dont le rôle dans l’accentuation du travail à distance dans les services ne fait pas l’ombre d’un doute. Les TPE-PME de ce secteur ont d’ailleurs, selon l’étude, « environ deux fois plus de chances de pérenniser au moins partiellement le surplus de jours de télétravail autorisés [depuis l’apparition du Covid-19, N.D.L.R.] que leurs homologues industrielles ».
Bpifrance a, par ailleurs, demandé aux dirigeants sondés d’évaluer l’impact du télétravail sur la productivité des salariés. 52 % d’entre eux estiment que les salariés sont tout autant productifs lorsqu’ils travaillent depuis chez eux que lorsqu’ils sont sur site. 7 % les jugent même plus productifs. « En général, ils constatent que la pratique n’affecte pas les résultats de leur entreprise » , expose Sabrina El Kasmi, qui ajoute que « ceux qui y avaient recours avant même la crise jugent d’autant plus positivement la pratique, sans doute du fait que les procédures et outils sont en place de longue date ». La co-autrice de l’étude insiste sur le fait que les entreprises ayant instauré le télétravail « dans la précipitation » en 2020 n’ont qu’un « jugement limité » quant aux effets sur leur activité. S’appuyant sur une autre étude, publiée par la fondation Jean Jaurès début janvier 2022, l’experte note que 66 % des Français n’auraient jamais télétravaillé en 2021. Une proportion qui reste bien plus élevée que dans les autres grandes économies européennes, en particulier l’Allemagne (39 %).
* Bpifrance a sondé quelque 2 913 dirigeants de tous les secteurs marchands non agricoles, en marge de la 74e édition de son enquête semestrielle de conjoncture, intitulée Bpifrance Le Lab. Réalisée entre le 15 et le 29 novembre 2021, l’étude concerne des TPE et PME affichant de 1 à 249 salariés et réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros. Les résultats ont été redressés par taille d’effectif et secteur d’activité, afin de représenter au mieux la population cible.
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